Voici le texte intégral de la résolution générale adoptée par le 87ème congrès des maires et les présidents de communautés, le 18 novembre dernier à Paris. "Les maires et les présidents de communautés de Métropole et doutre-mer sont convaincus que la décentralisation constitue le système le plus pertinent dorganisation et de gestion de laction publique. Ils attendaient de la seconde étape de la décentralisation quelle clarifie les responsabilités des collectivités territoriales, quelle facilite et en simplifie lexercice. "Ils attendent surtout quelle leur assure dans la durée, les moyens de leur action. "Or, hormis lamélioration de lintercommunalité et la création dune politique locale de lhabitat, la réforme en cours ne répond que très partiellement à leurs attentes. "Les maires et les présidents de communautés de France rappellent quils assument aujourdhui au plus près des citoyens lessentiel de laction publique de proximité et que, par lintermédiaire de lintercommunalité, ils sont désormais en capacité de conduire des projets cohérents de développement pour des territoires significatifs. "Ils considèrent normal et conforme à lesprit et à la logique de la décentralisation que les communes et leurs groupements participent à la mise en oeuvre de politiques publiques décidées ou impulsées par lEtat, surtout celles qui visent à recréer les conditions de la cohésion sociale (accès, accompagnement, retour à lemploi, amélioration de loffre de logement social) ou à promouvoir la réussite scolaire. "Ils sont bien décidés à exercer toutes leurs responsabilités, quelles relèvent traditionnellement de leurs compétences ou quelles résultent directement ou indirectement de la réforme de la décentralisation (habitat et logement). Ils tiennent à contribuer au développement des technologies de linformation et de la communication (mise en place de ladministration électronique, dinfrastructures et de services de télécommunication) et à assurer une meilleure protection de lenvironnement, quil sagisse de la gestion des déchets, de la gestion de leau ou de la lutte contre leffet de serre. "Toutes ces politiques ont un coût et entraînent des charges de plus en plus lourdes que les communes et à travers elles, les contribuables locaux, les usagers, ont de plus en plus de mal à supporter. "I - Les maires et les présidents de communautés de France sont dans ces conditions, fondés à demander à lEtat de ne pas fragiliser les communes et leurs groupements en remettant en cause leur autonomie financière et fiscale, condition de la liberté locale et dune gestion responsable. 1- Ceci suppose dabord de garantir aux communes et aux communautés et tout spécialement à celles doutre-mer, un niveau et une évolution de leurs ressources correspondant à laccroissement de leurs responsabilités et de leurs charges - les concours financiers de lEtat aux collectivités territoriales doivent être indexés à la fois sur les prix et la moitié de la croissance du PIB, permettant ainsi de gager, au moins partiellement, la péréquation et de contribuer à légalité des collectivités territoriales, - la DGF forfaitaire dont la progression a été inférieure de 4 points à celle de linflation dans les 5 dernières années, ne doit pas être à elle seule le support de la péréquation, - le gouvernement doit plaider vigoureusement dans les instances européennes pour la création de nouveaux fonds dinterventions territoriales, prenant la suite des fonds structurels européens, - les contrats territoriaux dagglomération et de pays doivent continuer à être financés par lEtat. "2- Ceci suppose ensuite : - que les communes et leurs groupements soient assurés de pouvoir sappuyer sur des impôts locaux, leur garantissant un produit fiscal au moins équivalent à celui daujourdhui, évolutif, et compatible avec les capacités contributives des citoyens et dont ils doivent avoir la liberté et la responsabilité de fixer les taux. "Ils ne sauraient accepter que le remplacement de la taxe professionnelle, principale ressource fiscale des communes et levier de lintercommunalité et la suppression de la taxe foncière sur les propriétés non bâties, qui représente en moyenne 1/4 des ressources fiscales des communes rurales, se traduisent par le report de tout ou partie de la charge fiscale sur les ménages. "Ils demandent quen tout état de cause, le lien fiscal soit maintenu entre les activités économiques et les communes et leurs groupements, et refusent une spécialisation de limpôt local aboutissant à la mise en place dun impôt unique pour chaque catégorie de collectivités territoriales. "Aucune réforme ponctuelle ne devrait être entreprise sans quelle ne sintègre dans une réforme densemble de la fiscalité directe locale et de ses bases dimposition. "3- Ceci suppose enfin que soit réellement mis en oeuvre le principe désormais constitutionnel de la péréquation qui doit notamment bénéficier aux communes les plus défavorisées grâce à la mise en oeuvre des outils actuels ou à créer. Les maires et les présidents de communautés de France réaffirment leur souhait que soit mise en place, en amont du projet de loi de finances, une conférence annuelle des finances publiques entre lEtat et les représentants des collectivités territoriales. "Sagissant du programme national de cohésion sociale, lEtat devra préciser ses aides aux communes et aux groupements qui sengageront dans les maisons de lemploi, les contrats davenir et le développement de lapprentissage. Il devra pérenniser ses engagements financiers inscrits dans la loi de programmation. Sagissant de la gestion des déchets, ils entendent obtenir des soutiens financiers renforcés de la part des filières et, à terme, la prise en charge totale, en amont, par les producteurs. "En ce qui concerne les déchets déquipements électriques et électroniques, ils demandent que la mise en place de la filière entraîne aussitôt la prise en charge complète par les producteurs des dépenses de collecte supportées par les collectivités locales. "II- Les maires et les présidents de communautés de France rappellent, quavec le statut de lélu, la qualité de la fonction publique territoriale est essentielle pour la réussite de la décentralisation. Ils demandent à lEtat de ne pas fragiliser le statut de la fonction publique territoriale par la réduction du champ des concours et de contribuer à son renforcement en améliorant et en assouplissant le recrutement et la formation, et en promouvant la gestion prévisionnelle des ressources humaines. "III- Les maires et les présidents de communautés de France rappellent que lattractivité des territoires urbains et ruraux et la cohésion sociale du pays impliquent lexistence de services publics de qualité sur lensemble du territoire. "Leur évolution ne peut être dictée exclusivement par la recherche déconomies ou dune rentabilité financière. Elle doit être organisée et maîtrisée dans le cadre dune véritable concertation et sinscrire dans une politique de développement des territoires urbains et ruraux les plus fragiles. "Ils prennent acte de la décision du Premier Ministre daccéder à la demande de lA.M.F. de réunir une conférence nationale des services publics en milieu rural, préparant les états généraux des communes rurales. "Cette démarche positive ne peut être efficace que si les maires et les présidents de communautés de France se mobilisent pour participer à ces états généraux qui doivent être réunis durgence et déboucher rapidement sur des propositions concrètes."